"Allez annoncer partout que l'homme n'a pas encore été capturé."
- Valère Novarina


En décembre, un flot d’images fabriquées avec ces bots IA a déferlé telle une vague sur les écrans, des réseaux aux chaines de télé en passant par la presse papier.
Voulant comprendre, je suis allé voir de mes propres yeux.
Tel un jeu vidéo, il m’a fallu apprivoiser les codes et passer les premiers niveaux. Assez rapidement j’ai été stupéfié par le réalisme des images fabriquées. En y incluant en plus de mes propres archives photographiques, des textes, des données techniques propres à ma pratique et en forçant « l’esthétique » IA à coller à mon objectif, j’ai petit à petit réussi à faire bouger ces avatars furtifs, parfois à les faire interagir.
Les premières images réussies m’ont effrayé et fasciné.
Très vite le refrain d’un des concerts live, un de ceux vers lesquels je me suis précipité après la levée des restrictions « sanitaires », s’est mis à raisonner; Celui de Yann Péchin et Alain Damasio racontant, lui-même, l’histoire de Sahar et Lorca, héros de son dernier livre « les furtifs ».
Ce livre de science-fiction plus proche d’un ouvrage de Walter Benjamin ou de Deleuze, que du dernier Avatar, faisait écho avec les images, qui au rythme des mots, se fabriquaient devant moi.


Je me suis alors amusé à imaginer et construire des images de ces êtres invisibles que sont "les furtifs", en fuite permanente et plein de vitalités. Peut-être juste pour accepter le trouble de ce nouvel outil… me rassurer et cesser de penser que l’IA pourraient m’affecter, pas plus qu’elle ne pourrait m’infecter.
Offrant en pâture au robot mes propres images, mes paysages et mes mots, téléchargeant un visage familier, mais disparu. Répétant l’action jusqu’à ce qu’il, le bot, à la simple écriture du prénom de Tischka, cet enfant disparu, me génère l’être invisible, là où je voulais.
C’est ainsi que ces images ont été fabriqués, assis derrière un ordinateur. Mais rassuré, avec encore plus de désir, je suis reparti à la rencontre du réel, de l’homme, de la nature. Peut-être parce que la photographie, avant d’être un résultat visuel est le résultat de notre expérience au réel, à la vie, la vie, la vie.
L’essentiel.


























J’ai remarqué que même les gens qui affirment que tout est prédestiné et que nous ne pouvons rien y changer regardent avant de traverser la rue.
Stephen Hawking